L’Europe devra multiplier par deux ses efforts d’investissements
L’institut de l’économie pour le climat a mesuré les investissements climatiques en Europe au regard des objectifs à 2030 du Green Deal, dans un rapport publié ce mercredi 21 février. Conclusion : les investisseurs doivent doubler la mise pour espérer les tenir.
Consommer au moins 42,5 % d’énergies renouvelables, installer 60 GW d’éolien en mer, multiplier par deux le rythme des rénovations énergétiques des bâtiments, déployer 30 millions de pompes à chaleur… l’Union européenne s’est fixé des objectifs ambitieux réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Mais aura-t-elle les moyens de ses ambitions ? C’est ce qu’a évalué le think tank I4CE, qui publie ce mercredi 21 février un rapport inédit sur le déficit d’investissements pour le climat dans l’Union européenne. « Un exercice de comptabilité pour mesurer si l’action suit les intentions », a salué Jean Pisani-Ferry, le président de l’Institut de l’économie, en ouverture de la conférence de présentation de cette évaluation qui a nécessité un an et demi de travail. Et le constat est sans appel : les investisseurs privés et publics de l’Union européenne n’ont fait que la moitié du chemin. Pour mettre en œuvre le Green Deal, ils vont devoir doubler leurs efforts annuels pour atteindre 813 milliards d’euros par an, soit 5,1 % du PIB européen.
Habitué de l’exercice, I4CE évalue chaque année depuis presque dix ans les investissements pour le climat effectivement réalisés en France, par rapport aux besoins définis par les objectifs nationaux. Pour la première fois, les chercheurs du think tank ont réalisé ce travail au niveau européen. « C’est un moyen de mesurer les progrès des politiques climatiques. Nous regardons l’évolution de l’économie via les investissements car ils façonnent le futur », explique Thomas Pellerin-Carlin, directeur de programme du think tank.
De 407 milliards à 813 milliards d’Euros par an
L’I4CE s’est ainsi penché sur les objectifs européens dans trois domaines dans lesquels les données étaient disponibles : l’énergie, les transports et les bâtiments, déclinés en 22 secteurs : éolien, énergie solaire, pompes à chaleur, bornes de recharge, voitures électriques, lignes ferroviaires transnationales… « La loi européenne définit des cibles quantifiables en volumes, que nous avons multipliés par des unités de coûts (euros par kilowatt par exemple), ce qui nous a permis de déterminer les besoins annualisés d’investissements d’ici à 2030 », détaille Clara Calipel, autrice du rapport. « Il est vital d’avoir ces critères de mesure objectifs pour parler aux législateurs et servir de base à une discussion éclairée », salue Jean Pisani-Ferry.
Eric K.