L’UA a-t-elle les moyens de ses priorités après le Sommet d’Addis Abeba ?

Les dirigeants africains se sont réunis à Addis-Abeba les 17 et 18 février 2024 à l’occasion du sommet annuel de l’Union africaine (UA). C’était l’occasion pour eux de s’attaquer aux nombreux défis auxquels le continent est confronté et de décider de la meilleure façon de renforcer l’intervention de l’UA dans ces différentes crises.

Les conflits civils s’intensifient dans de nombreuses régions d’Afrique, tout comme le terrorisme. La guerre entre les États est un risque de plus en plus aigu dans certaines régions. La prévention et la résolution des conflits deviennent de plus en plus difficiles à mesure que les mécanismes de réponse collective s’affaiblissent dans le monde entier. En 2024, l’UA va devoir explorer de nouvelles façons de traiter les crises de gouvernance ; s’engager pour sauver le Soudan ; résoudre les conflits en Éthiopie et stabiliser la RDC ; maintenir ouverts les canaux diplomatiques dans le Sahel central ; mettre le conflit anglophone du Cameroun à l’ordre du jour ; réactualiser son partenariat avec la Somalie et contribuer à préparer le Soudan du Sud pour les élections.

Le sommet de l’Union africaine (UA) s’est tenu les 17 et 18 février 2024, alors que des millions de vies sont toujours menacées sur le continent par la multiplication des conflits. Du Mali au Mozambique, les crises sociopolitiques mettent en difficulté de nombreux pays, tandis que l’effondrement de l’État se profile au Soudan, après dix mois de lutte féroce pour le pouvoir entre l’armée et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF). La possibilité de guerres interétatiques majeures est également réelle : les tensions dans la Corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs sont particulièrement alarmantes. L’UA a pris des engagements institutionnels ambitieux et s’est dotée d’outils de médiation et de maintien de la paix, mais elle n’a pas la force politique et financière nécessaire pour en tirer le meilleur profit, en partie à cause du soutien, souvent faible, des États membres. Néanmoins, l’organisation joue un rôle important en faisant valoir les points de vue africains dans les débats mondiaux et en aidant à relever les défis continentaux en matière de paix et de sécurité, qui semblent proliférer de jour en jour. Son sommet annuel est l’occasion pour les États membres d’élaborer un programme pour relever ces enjeux, tout en renforçant sa capacité à le faire.

Bon nombre des difficultés institutionnelles auxquelles l’UA est confrontée sont communes à d’autres organisations multilatérales à une époque de frictions internationales croissantes. Les États membres se replient sur eux-mêmes, protégeant étroitement leurs prérogatives souveraines au lieu d’investir dans la sécurité collective et d’aller contre les tensions géopolitiques qui sapent les efforts de coopération. Pour l’UA, l’argent est également une contrainte majeure. L’organisation dépend fortement du financement international, dont une grande partie provient de l’Union européenne, ce qui l’expose aux critiques africaines pour son manque d’indépendance à ce niveau.

Malgré tous ses handicaps, l’UA occupe, en matière de maintien de la paix et de la diplomatie continentale, la place que les africains veulent bien lui donner. Le forum du G20 des plus grandes économies du monde a reconnu son rôle important en septembre 2023, lorsqu’il a fait de l’UA un de ses membres permanents. L’UA a ainsi pu siéger à la table des discussions sur des questions majeures pour les États africains, telles que la réforme des institutions financières internationales. Trois mois plus tard, le Conseil de sécurité des Nations unies a donné à l’organisation une autre victoire importante en ouvrant la voie à l’utilisation de contributions obligatoires afin de financer les opérations de maintien de la paix.

Eric K;

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *